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Le conte de Noël d’Auggie Wren – Paul Auster

Paul est un fidèle client du bureau de tabac situé sur Court Street dans le quartier populaire de Brooklyn à New-York. C’est le seul endroit où il a pu dénicher les petits cigares qu’il aime fumer.

Au début, Paul était un client comme les autres. Quelques banalités échangées avec Auggie, le buraliste, quand il venait acheter ses cigares et la vie reprenait son cours pour chacun.

Mais un jour, feuilletant un magazine dans sa boutique, Auggie tombe sur un article consacré à un livre écrit par un certain Paul Benjamin. Ce n’est pas tant le livre, ni le nom de l’auteur qui attirent l’attention d’Auggie, mais la photo qui accompagne cet article. Car l’homme sur la photo est bien ce client qui vient régulièrement acheter ses cigares à la boutique. Un artiste. Et Auggie, les artistes, il leur voue un profond respect, une forme d’admiration. Soit, ce client devient spécial ce qui n’est pas pour mettre Paul à l’aise.

Mais Auggie est plus que ce drôle de bonhomme qui vend des cigares derrière un comptoir en blaguant au sujet du sport, de la météo ou de la politique. Chaque jour à la même heure, il se poste à l’angle d’Atlantic Avenue et de Clinton Street, toujours au même endroit, pour y prendre une photo. Il range chaque cliché par ordre chronologique dans des albums, un album par année, douze albums.

Et c’est sûrement le jour ou Auggie souhaite montrer ses albums à Paul que la relation entre les deux hommes va prendre une autre tournure. Se prêtant à l’exercice d’abord par politesse, Paul découvre un autre Auggie dont le travail révèle une profonde sensibilité, ouvrant une fenêtre différente sur le monde. En somme, Paul se prend une grosse claque.

Quelques années plus tard, en 1990, le New-York Times contacte Paul pour lui demander d’écrire une nouvelle pour son édition du 25 décembre. Ne trouvant pas les mots pour refuser cette demande plutôt insistante du journal, il accepte. Mais voilà, Paul est tout sauf le genre d’écrivain capable d’écrire à la demande, qui plus est une histoire de Noël, comble pour lui de la mièvrerie et du dégoulinant de sensiblerie.

« Je n’arrivais à rien. Le jeudi, je sortis faire une longue promenade, avec l’espoir que le grand air m’éclaircirait les idées. Juste après midi, je m’arrêtai chez le marchand de cigares pour me réapprovisionner, et j’y trouvai Auggie, comme toujours, debout derrière le comptoir. Il me demanda comment j’allais. Sans en avoir vraiment eu l’intention, je me mis à lui confier tous mes ennuis.
– Un conte de Noël ? fit-il lorsque j’eus terminé. C’est tout ? Si tu m’offres à déjeuner, mon ami, je te raconterai le plus beau conte de Noël que tu aies jamais entendu. Et je te garantis que c’est une histoire vraie, mot pour mot. »

C’est ainsi qu’Auggie raconte son histoire, l’histoire de Robert, de Mamie Ethel, d’un appareil photo. Une histoire simple, belle et pleine d’humanité. C’est tout le talent de Paul Auster concentré en quelques lignes. L’art de faire croire – histoire vraie ou pas, on ne le saura jamais mais qu’importe – et la justesse de l’écriture qui nous perd dans la notion de bien, moins bien, pas bien. « Du moment qu’une personne y croit, il n’existe pas d’histoire qui ne puisse être vraie.« 

Un conte de Noël un peu décalé qui donnera naissance au magnifique film Smoke, réalisé par Wayne Wang et porté par des acteurs de talent (Harvey Keitel, William Hurt, Stockard Channing et Forest Withaker entre autres). Le livre Smoke – Brooklyn Boogie regroupe les scenarii des deux films ainsi que Le Conte de Noël d’Auggie Wren tel qu’il a été publié dans le New-York Times.

Un film à voir ou à revoir sûrement, une histoire à lire absolument.

A défaut de pouvoir la retranscrire dans sa version intégrale (j’ai demandé l’autorisation à la maison d’édition mais n’ai pas obtenu de réponse), vous pourrez la retrouver en images (racontée par Auggie en anglais puis sur fond de Tom Waits sans parole et en noir et blanc) ICI.

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2 réflexions au sujet de “Le conte de Noël d’Auggie Wren – Paul Auster”

  1. Coucou ! Paul Auster est vraiment une valeur sûre. J’adore ta façon de nous emmener dans son univers et de nous inciter à le lire. Je te l’ai peut-être déjà dit mais tu écris très bien. Je te souhaite de belles fêtes en famille, c’est une période que j’affectionne. Bises bretonnes pour mon amie lyonnaise 😊🎄🥳🎁

    Aimé par 1 personne

    1. Coucou !
      J’ai beaucoup lu Paul Auster lorsque j’étais adolescente et encore aujourd’hui il fait partie de mes « incontournables ». Je reprends souvent Smoke pour lire ce conte, et à chaque fois il me procure la même émotion.
      Merci pour ce gentil message et ce beau compliment. J’aime écrire mais quand cela procure du plaisir à celui qui lit alors l’objectif est atteint !
      Je te souhaite de belles et douces fêtes de fin d’année entouré de celles et ceux qui te sont chers, mon ami breton et fidèle lecteur !
      Bises lyonnaises 🎄🎅🤩🎉😙

      Aimé par 1 personne

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