Pit et Rik

Ouvrons la boîte à souvenirs.

Nous sommes en 1981. Coluche se porte candidat à l’élection présidentielle et l’on peut relier Lyon à La Capitale en un peu plus de deux heures grâce au TGV. Outre Manche, un mariage princier avec bisou sur le balcon excite les foules. En France, c’est Myriam qui provoque une autre excitation car le 4 septembre, elle enlèvera le bas.

Revenons à nos moutons. Nous sommes en 1981 et mon mange-disques tourne à fond. Un mange-disques orange que nous partageons avec ma soeur. Il a d’ailleurs mal tourné, à la fin il mangeait réellement les disques. Inutile de préciser que nous n’y mettions que nos disques et certainement pas les Pink Floyd ou Supertramp de Papa.

Parmi les victimes du mange-disques donc : Chantal Goya qui faisait danser sa grand-mère, la musique du générique de l’Inspecteur Gadget, Pierre Perret qui ouvrait la cage aux oiseaux, les Forbans qui nous ordonnaient de chanter et de mettre nos baskets et… Pit et Rik qui donnaient une version bien à eux de La Cigale et la Fourmi.

Les Pit et Rik van Kergueluff, qui entre-temps ont écourté leur nom, sont deux anciens animateurs de club-vacances. L’un français (Michel Saillard dit Rik) et l’autre belge (Frédéric Bodson dit Pit) se produisent dans les café-théâtres jusqu’à être repérés par Stéphane Collaro lors d’un remplacement de Coluche (justement) dans une émission d’Europe 1. Monsieur Collaro, dénicheur de talents, leur propose alors de participer à son émission Cocoboy puis à Cocoricocoboy, programme largement apprécié par l’audimat masculin puisque l’on pouvait y voir des dames pratiquer l’effeuillage ou danser avec des oreilles de lapin en guise de couvre-chef.

Les séquences de Pit et Rik sont des chansons dont ils composent eux-mêmes les textes et la musique. Ils revisitent les Fables de La Fontaine et les contes célèbres en y mêlant humour et satire, oubliant bien volontiers le politiquement correct. Leurs costumes très recherchés tout comme leurs chorégraphies d’une grand finesse sont leur marque de fabrique.

Cela date, mais force est de constater que je me souviens des paroles comme si je venais d’écouter le disque. Et bien des années plus tard, je me demande ce que devait penser la maîtresse en m’entendant chanter ces chansons dans la cour de récréation. Heureusement qu’enfant, on ne comprend pas tout. Bien qu’après avoir écouté Rikiki Pouce Pouce, j’ai cessé de m’aventurer trop près du bac à surgelés.

Savourons un instant de poésie et de légèreté.

Publicité