Bon à rien – Natalie David-Weill

Félix, entre en 6ème. Une banalité pour certains, une source d’angoisse pour d’autres, mais pour Félix c’est un véritable accouchement dans la douleur.
Car Félix est lent, distrait, fatigué chronique et fataliste. Même les cahiers de vacances dont il est abreuvé tout l’été ne le font pas progresser d’un iota.

Il est mauvais, c’est ainsi. Et comment penser autrement lorsque l’on grandit dans un milieu élitiste centré sur la réussite scolaire ?

Charlotte et Grégoire, ses parents, se déchirent et se rejettent continuellement la faute, car c’est forcément la faute de quelqu’un. Louise, sa grande soeur, tente de protéger son frère. Cette dernière, brillante, reste dans l’ombre et éponge. Sophie, sa grand-mère, ne jure que par son expérience de professeur émérite. Car oui, pour ses enfants, on rêve le meilleur, on les voudrait brillants et premiers de la classe des plus grandes écoles.
Une plongée dans la tragédie de l’enfant qui ne réussit pas, des parents qui se remettent en question et consultent tous les spécialistes pour tenter de trouver ce qui ne va pas dans la tête de leur fils.

Partagée entre la tension permanente de cette famille et l’affection grandissante que j’ai pu ressentir pour cet enfant un peu hors-normes, j’ai pris beaucoup de plaisir dans cette lecture.

A travers un récit bien construit, au rythme des trois trimestres de l’année scolaire, l’auteur nous confronte à tout ce qui nous fait évidemment peur lorsque l’on a des enfants. Les grandes questions sont posées : fait-on comme il faut ? Quelles limites dans la pression que l’on peut (s’)infliger ? Dans une société où la réussite sociale est une fin en soi, comment accepter que sa progéniture soit à la traîne ? Le système est-il toujours adapté et à quel prix doit-on s’y adapter ?